Mon petit boitier magique ? Il y a des jours ou je m’efforçais de croire qu’il ne s’agissait pas de moi. Mais en Janvier, le déni n’était plus possible puisque je me suis faite hospitalisé en ambulatoire pour la pose du Pac. (Un cathéter sous la peau au dessus de la poitrine) Ce petit boitier, allait permettre d’injecter « ma potion magique » autrement dit la chimio. L’opération a eu lieu sous anesthésie locale et pour la partie FUN sous sédatifs. J’ai déliré total… J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, je ne comprenais pas ce qu’il se passait et j’en voulais à la terre entière. Puis je me mettais à chanter avec l’anesthésiste. J’ai aussi dit pas mal de chose incohérente comme par exemple le fait qu’il fallait qu’il se dépêche, mon chien attendait avec impatience sa balade du soir. L’opération était maintenant finie et il n’y avait plus qu’à commencer les traitements. Je ne peux pas dire que je déteste mon Pac, je le voyais plus comme une force, ma force. En revanche je déteste ma cicatrice. J’ai mal cicatrisé, j’ai ce que l’on appelle une chéloïde. Heureusement je ne vivrai pas avec mon boitier, il est temporaire et la cicatrice sera refaite.
Et dans tout ça, ma vie professionnelle ?
A l’annonce de ma maladie en décembre, mon contrat allait toucher à sa fin. J’allais être prolongée. Tout était prêt, j’attendais l’appel des RH pour la signature. Pourquoi fallait-il que ça m’arrive maintenant ? Cela faisait que 4 mois que j’étais au sein de cette grande société et je m’y plaisais vraiment. J’avais encore mes preuves à faire. Quel était l’intérêt pour eux de me garder maintenant? J’étais très triste et paniquée à l’idée de perdre mon emploi. Et pourtant je n’ai pas eu d’autres choix que d’en parler. Leur expliquer ma situation et le fait que j’allais surement devoir m’absenter de mon poste. Ca passe ou ça casse ? On prend une grande inspiration et sans trop réfléchir on demande un rendez-vous avec la hiérarchie. Il semble que mon honnêteté a payé puisque j’ai finalement quand même été prolongée. YOUPI. Je prends conscience de la chance que j’ai. On fête ça en famille. Mon père est très fier de moi et son sourire me fait chaud au cœur.
J’ai continué à travailler tout le mois de décembre jusqu’à début janvier. Une fois les traitements mis en place, il a fallut que je me repose à la maison afin de mettre toutes les chances de guérison de mon coté. Une décision qui a été très bien acceptée. J’ai beaucoup de chance à ce niveau là. Mes collègues savent que je suis malade mais ne savent pas de quoi. J’ai énormément de soutien. Personne ne cherche à savoir réellement ce qu’il se passe, ils sont simplement là et ca me touche énormément. Quant à mes chefs ils prennent énormément de mes nouvelles.
& Soudain les traitements démarrent…
J’ai eu recours à une radiochimiothérapie concomitante. Mon protocole consistait à combiner chimio et rayons pendant 5 semaines.
Tous les jours je devais me rendre à l’hôpital pour des séances de rayons qui ne duraient que 10 minutes. Enfin quand je dis tous les jours, je parle des jours de semaine. Le weekend c’était repos… OUF mon petit corps en avait grandement besoin. En plus de devoir faire des rayons, j’avais en même temps ma chimio une fois par semaine, tous les jeudis. En bref, au total j’ai eu 25 séances de rayons et 5 séances de chimio.
Pour d’autres cancers, les traitements peuvent se composer autrement. On peut d’abord avoir de la chimio pendant quelques mois puis ensuite des rayons, des fois une seule opération suffit… Pour ma part, mon protocole était plus court. « Quoi que 5 semaines ? C’est génial. » Ca a forcement été ma première réaction. « 5 semaines dans une vie ce n’est rien, ça va passer vite Marine… » Et puis quand on commence on a l’impression que le temps se fige. On compte les jours, les heures, les séances… On doit se déplacer quotidiennement pour les traitements, aller à la pharmacie pour les médicaments, faire des bilans sanguins, aller en consultation et attendre dans les salles d’attentes… Ce n’est pas de tout repos !
Abracadabra. Ma potion magique ? Ma chimio était plus précisément du Cisplatine connue pour être très toxique pour les reins et l’audition. Il a fallut que je sois en hyper hydratation durant les traitements. Une habitude à prendre puisque je ne bois que très peu d’eau… Avant et après l’injection de ma potion magique on m’injectait au total 2 à 3 litres d’eau afin de réduire les risques de toxicité pour mon petit corps. Par contre, ce produit ne provoque pas la chute des cheveux. Les personnes qui me connaissent savent à quel point ils sont importants pour moi. J’y prends très très soins. Les perdre ? Hors de question… Un grand soulagement d’apprendre que ma tignasse allait rester bien accrochée et surtout c’est ce qui m’a conforté dans l’idée de garder ma maladie secrète.
J’allais rester moi. Mon physique n’allait pas changer et les gens ne verraient pas la maladie.
Première impression? Janvier 2019… Comment accepter les voeux de bonne année tout en sachant que les mois à venir allaient être difficiles. Le jeudi 17 janvier, en avant pour ma première chimio. Qu’est-ce que je faisais là? Il était impossible pour mes proches de me laisser seule dans cette épreuve. J’étais toujours accompagnée. Ce qui pouvait porter à confusion puisque dans la salle d’attente les patients pensaient que j’étais là pour un membre de ma famille et pourtant non. J’étais là pour moi. Il faut dire que très souvent les personnes concernées par la maladie étaient bien plus âgées que moi. En réalité, je n’ai croisé aucune personne de mon âge. Je me suis sentie terriblement seule.
Afin de protéger mes ovaires des traitements, j’ai eu des injections de décapeptyl. J’ai été en ménopause temporairement… d’ailleurs c’était assez marrant d’expliquer à maman ce qui l’attendrait une fois la ménopause installée. Souvent réveillée la nuit par des bouffées de chaleur et très irritable. En plus du reste. Il a fallut me supporter.
Les effets de la chimio pas évident non plus. J’ai réellement été malade si mes souvenirs sont bons 1 fois pendant quelques jours. Le reste du temps j’étais très fatiguée, très irritable et tout ça sans vous parler des nausées . On dit que les traitements peuvent modifier la perception du goût. C’est totalement vrai. J’avais un goût amer en bouche. Ma salive me répugnait et encore le terme est faible. Impossible de l’avaler sans avoir des bonbons (sans sucre bien-sur). La chimio peut aussi parfois modifier l’humeur. Un jour j’étais bien et le lendemain j’étais mal. Un jour j’étais forte et le lendemain je baissais les bras… Mais tous ces effets s’estompent vite après les traitements si on prend soin de s’hydrater correctement. Des détox sont également conseillées.
Quant aux rayons, avant de commencer les séances, j’ai du faire un scan de centrage. En réalité, c’est à ce moment là que l’ont m’a fait des repères sur le corps avec de l’encre et une aiguille. Mon premier tatouage… Super… Ensuite on vous montre les locaux. Petite visite guidée… J’ai d’ailleurs été agréablement surprise de la beauté du lieux qui me faisait penser à un centre de remise en forme. Je me sentais bien. Une carte de pointage m’a été confiée avec une photo immonde de moi. Cette carte me permettait de signaler ma présence en salle d’attente. Ce n’est pas une partie de plaisirs, loin de là mais les rayons sont indolores au début. Plus les séances passent, plus on peut s’apercevoir que la peau sur la zone irradiée fonce un peu. Des petites gènes peuvent se faire ressentir. Pour ma part j’ai eu une petite cystite mais rien de bien méchant.
Tout s’enchaine très vite, verdict en décembre, janvier début des traitements et fin des traitements mi-février. C’est super. Mon vol pour Dubaï était déjà réservé depuis très longtemps. J’allais pouvoir terminer tout ça et partir. Enfin c’est ce que je pensais et souhaitais. Malheureusement il a fallu annuler le voyage parce qu’une fois la première partie des traitements finis j’allais devoir me faire hospitaliser pour ce que l’on appelle de la Curiethérapie.
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